Les manuels d’écriture créative n’oublient jamais de rappeler que la conception narrative cage les idées. Je suis, en revanche, convaincu que c’est le cas. En fait, je dirais qu’écrire uniquement en suivant le flux émotionnel du moment est nuisible.
Concevoir avant tout !
Si vous voulez savoir comment écrire un roman, le seul conseil qui peut vraiment être utile est de concevoir l’histoire avant de l’écrire.
Comme pour les autres formes d’art, l’écriture suit des règles de composition qui mettent en valeur le style de l’auteur. Concevoir avant d’écrire est la seule méthode qui fonctionne et qui vous donnera un avantage sur ceux qui ne le savent pas.
Concevoir, c’est décider de la direction à donner à son imagination et à ses intuitions. On peut, à tout moment, faire le point sur la situation et changer de cap sans perdre les coordonnées de l’objectif final.
Chaque écrivain a ses besoins personnels, mais pour éviter la procrastination et la dispersion, il faut trouver la bonne méthode à suivre.
Ces derniers mois, j’ai écrit quelques articles sur la conception des personnages, ils peuvent être utiles pour comprendre comment écrire un roman probable et convaincant :
Avant de comprendre comment écrire un roman, analysons les scénarios qui peuvent être envisagés si vous décidez de ne pas concevoir vos propres histoires.
Vous trouverez ci-dessous trois situations réelles dans lesquelles vous pourriez vous retrouver si vous ne commencez pas à changer votre façon de travailler.
Rester dans la passion
Vous avez décidé de devenir écrivain. Vous avez suivi des cours d’écriture créative et vous savez à quel genre vous aimeriez vous essayer.
Pris par la chaleur et l’inspiration du moment vous passez tout votre temps libre à écrire, envahis par le feu de la muse sacrée, plein de choses à verser dans votre fichier informatique.
Et puis un jour, vous finissez. Vous êtes satisfait de vous et pour fêter cela vous sortez boire une bière, heureux du résultat obtenu. Au bar, vous rencontrez une femme qui vous embrouille l’esprit et… deux ans passent sans prévenir. On devient un mari, un père, un faiseur de carrière.
Puis un jour, vous vous souvenez de votre roman, de votre rêve de devenir écrivain. Vous ouvrez le dossier et vous commencez à le lire. Au bout de vingt pages, vous vous rendez compte que l’écriture est ennuyeuse et que vous avez changé le nom du protagoniste au moins trois fois.
Vous décidez de commencer à le réécrire. Dommage qu’après trente pages, vous ne compreniez plus rien à l’intrigue et que vous ne puissiez même pas vous souvenir si le protagoniste fume une pipe ou un cigare. La tâche semble impossible et, en désespoir de cause, on se met à chercher une méthode qui puisse nous aider à résoudre ce grand gâchis.
Vous fouillez dans les vieux papiers sur votre bureau à la recherche d’une échelle, d’une carte conceptuelle, d’un gribouillage. Puis vous vous souvenez : vous aviez seulement suivi l’inspiration du moment, sans mettre en cage votre créativité.
Personne ne connaîtra jamais autant que vous les motivations et le message que vous vouliez faire passer avec cette histoire. Dans une situation désespérée comme celle-ci, l’écrivain ne peut que se tourner vers un éditeur professionnel et demander de l’aide.
Avec l’éditeur, l’écrivain sera obligé de reconstruire son roman pièce par pièce, en essayant de repenser l’intrigue, la mise en scène et la caractérisation des personnages deux ans après avoir commencé à écrire. Une entreprise longue, difficile et complexe, qui aboutit souvent à une transformation totale de l’histoire.